Qui n’a pas éprouvé l’envie de se gratter et ressentit un soulagement immédiat bien souvent doublé de démangeaisons encore plus importantes et si exaspérantes juste après ?
Les démangeaisons sont un phénomène qui reste en partie mystérieux pour la communauté dermatologique.
Et si le microbiote jouait un rôle important dans ce phénomène ?
C’est la question à laquelle des chercheurs de l’université de Miami on cherché à élucider en faisant le point sur le lien entre démangeaisons et microbiote cutané. (1)
Décrite depuis la nuit des temps, la sensation de démangeaison (ou prurit) est avant tout un moyen de protéger sa peau contre les parasites et l’accumulation de cellules mortes.
Ce qui est surprenant c’est que notre peau est équipée de fibres nerveuses appartenant à une classe spécialisée de neurones appelée « pruricepteurs ».
Les démangeaisons sont précisément provoquées par l'activation de ces fibres nerveuses spécialisées.
Pour cela, il faut que des messagers (ou médiateurs chimiques) stimulent l'activité neuronale.
Ces messagers apparaissent à la suite d’interactions complexes entre les cellules de notre épiderme (les kératinocytes), les cellules inflammatoires et les terminaisons nerveuses.
Les nerfs relaient alors les signaux jusqu’à notre cerveau qui à son tour déclenche le prurit.
Le microbiote cutané fait partie intégrante des barrières de défense de la peau. Il protège l'hôte des agents pathogènes en entrant en compétition pour les nutriments et l'espace. Certains microbes amis produisent des composés antimicrobiens qui bloquent la croissance des germes non désirables.
Lorsque la composition chimique de l'épiderme est perturbée, la composition du microbiote peut varier et modifier l’efficacité de sa fonction barrière. La peau entre en état inflammatoire ce qui modifie encore la fonction de la barrière cutanée.
Cette rupture de barrière ouvre la porte à un cycle vicieux de démangeaisons-grattage.
Il s'avère que le grattage est si agréable, car il provoque un signal de douleur de bas niveau vers le cerveau et remplace le signal de démangeaison pour nous soulager. C'est pourquoi pincer ou gifler l'endroit qui démange fonctionne aussi parfois.
Malheureusement, certaines substances chimiques de soulagement produites par le cerveau, comme la sérotonine, peuvent en fait faciliter le déclenchement du signal de démangeaison.
C'est pourquoi il est courant que le fait de se gratter augmente encore davantage les démangeaisons et déclenche un cercle vicieux que les scientifiques appellent le cycle démangeaison-grattage.
Les techniques pour lutter contre les démangeaisons sont nombreuses, même si aucune n’est totalement satisfaisante. Celle que je recommande consiste à appliquer une crème émolliente fraiche (conservez le tube dans le bas de votre réfrigérateur). Mais tout va dépendre de la cause déclenchante, qu’il faut savoir identifier.
Les synbiotiques (association de pré et probiotiques) appliqués par voie locale ont l’avantage d’augmenter le nombre de bactéries amies de la peau et de réduire la présence de germes indésirables.
Ils permettent aussi dans certains cas de limiter l’inflammation et de soulager la sensation de prurit.
Les raisons pour lesquelles nous pouvons avoir des démangeaisons sont très nombreuses. Certaines peuvent être causées par des infections, la peau sèche, des troubles digestifs…
C’est un symptôme à prendre au sérieux s’il se répète et justifie de consulter un dermatologue.
Kim H.S, Yosipovitch G: The Skin Microbiota and Itch: Is There a Link. J Clin. Med. 2020, 9, 1190