Synbionyme / Beauté Mag / Comprendre votre peau Cette acné qui nous poursuit

Maladie inflammatoire du follicule pilosébacé, l’acné survient chez environ 80% de la population à un moment ou à un autre de la vie. Le pic de prévalence se situe autour de 17 ans tandis qu’une rémission spontanée survient généralement autour de 20 ans. Il arrive pourtant que la maladie persiste sous forme de poussées récurrentes bien au-delà de l’adolescence, ou se déclenche tardivement, à l’âge de 30, 40 ou 50 ans. Comble de la frustration, les femmes sont alors plus fréquemment touchées que les hommes, en raison des variations de leur taux d’hormones. Ces dernières participent en effet, parmi d’autres facteurs (le stress, le régime alimentaire), à un déséquilibre du microbiote cutané, qui se traduit par la prolifération de certaines souches de bactéries P. acnes.

 

Pourquoi certains adultes ont-ils de l’acné ?

Les fluctuations hormonales, facteur spécifique de l’acné adulte au féminin, sont fréquentes autour des périodes des règles, au cours de la grossesse, de la ménopause, ou à son approche. Elles augmentent la production de sébum dont l’excès provoquera des poussées d’acné. La prise d’une nouvelle pilule peut avoir le même effet.

L’implication du stress dans l’acné est elle aussi bien établie. En réponse aux pressions et aux contraintes de son environnement, l’organisme a tendance à produire davantage d’androgènes, des hormones qui stimulent glandes sébacées et follicules pileux, favorisant ainsi les poussées d’acné. Nul besoin d’un stress intense ; un stress modéré, mais répété, peut suffire à générer ces poussées presque toujours mal vécues.

Enfin, il existe une prédisposition génétique à cette maladie, dont le tabac constitue un facteur aggravant.

Le développement des lésions acnéiques

L’acné est caractérisé par l’apparition de comédons, ouverts ou fermés, et de lésions inflammatoires : papules, pustules, et plus rarement nodules. Elle est le produit d’une inflammation du follicule pilosébacé, elle-même conséquence d’un déséquilibre du microbiote cutané lié à la prolifération excessive de certaines souches d’une bactérie commensale : le P. acnes (propionibacterium acnes).

Microcomédon

Point noir

Papule

Pustule

Les facteurs à l’origine de l’acné

Les androgènes

La montée des hormones androgéniques à la puberté stimule la sécrétion de sébum. Sous l’effet d’une hormone, la 5 alpha-réductase, les androgènes sont convertis dans la peau en dehydrotestosterone, laquelle stimule la sécrétion sébacée

On a constaté que les peaux à tendance acnéique possèdent une densité de récepteurs aux androgènes plus élevée et ont une activité enzymatique 5 alpha-reductase plus forte.

La glande sébacée

Des recherches récentes ont démontré que la glande sébacée se comporte comme un véritable organe endocrine. La relation entre l’acné et le stress pourrait ainsi s’expliquer par le fait que la glande sébacée est stimulée par la CRH (hormone du stress).

Les cellules qui la constituent, les sébocytes, fonctionnent exactement comme les cellules de l’immunité innée. Elles sont capables de produire des peptides antimicrobiens, et les lipides du sébum qu’elles sécrètent exercent une réelle action antimicrobienne.

Sous l’effet du P. acnes, les sébocytes produisent des médiateurs inflammatoires, et activent le recrutement des cellules de défenses. Certaines enzymes capables de

favoriser par leur activité le recrutement de cellules inflammatoires seraient retrouvées en quantité plus importante dans les peaux à tendance acnéique.

Nous savons désormais que le primum movens de l’acné est l’inflammation. Elle précède la formation des comédons. Ainsi, sous les effets conjugués de la stimulation hormonale, de l’excès de sébum qui s’ensuit, de l’altération de la fonction barrière du follicule sébacé et de la prolifération de P. acne, la production de facteurs inflammatoires va provoquer une activation cellulaire et une hyper kératinisation de la paroi de l’infundibulum à l’origine du comédon.

Le rôle des bactéries dans la comédogénèse

Le rôle de P. acnes est double dans la formation des comédons : en stimulant les récepteurs de l’immunité innée (TLR2), il contribue à la production de facteurs inflammatoires ; en produisant un  biofilm auquel la bactérie adhère fortement, il participe au colmatage du follicule.

Références ; Shalita AR, Del Rosso JQ and Webster GF Eds., Acne Vulgaris, Informa Healthcare, 2011.Thiboutot et al., New insights into the management of acne. J. Am Acad Dermatol 2009 ;60 :S1-50

L’importance d’un microbiote équilibré

De nombreuses recherches ont montré que certaines bactéries commensales du microbiote cutané nous protègent des bactéries pathogènes et participent à l’équilibre de la barrière microbienne. Parce qu’elle vient rompre cet équilibre, la surabondance de certaines souches de P. acnes au sein du microbiote serait l’un des principaux facteurs de l’acné.

Des chercheurs de l’université de San Diego (1) ont montré que certaines bactéries du microbiote cutané avaient la capacité d’inhiber la croissance du P. acnes en augmentant la transformation naturelle du glycérol. Ces bactéries du genre Staphylocoques epidermidis sont capables de s’opposer à la croissance de P. acnes, à la fois in vitro et in vivo, et de restaurer ainsi l’équilibre de la barrière microbienne…

Une découverte qui ouvre peut-être la voie à de nouveaux traitements.

(1) Wang Y & coll Appl Microbiol Biotechnol 2014, Jan ; 98 (1) : 411-424